Nouméa

Publié le par elsamat

19 octobre 2008                                                                                                                       Port Moselle, Nouméa

Joyeux anniversaire Sosso.
Une pensée pleine d'amour pour toi directement du pacifique. Un quart de siècle...

Je suis sur le port. J'adore les ports. Tous ces bateaux soigneusement alignés qui font une pause, qui dorment calmement, bercés par le lent rythme de l'eau. Ca donne des envies de voyage. Le vent s'amuse à faire siffler les cables et les mats, à les faire tinter l'un après l'autre, dans une chouette cacophonie. Comme les cloches d'un troupeau dans les alpages. Le monde prend sa respiration et se prélasse. Le vent continue  à jouer dans les héoliennes à l'enfant turbulent, il tourne, se cache puis revient. Plein de malice, il nargue le silence, rempli le vide et nous sort de notre torpeur. Sous le soleil de midi. Un poisson saute hors de l'eau, une mouette se perche et le regarde, rieuse...
La paix m'a envahie.

Nous sommes à Nouméa depuis bientôt trois semaines. Le temps à quelque peu accéléré. Un chouilla, bien sûr. Pas trop vite hein. Nous avons rejoins Marine et sa colloc' qui ont su nous accueillir comme des rois. On dort sur le canapé en essayant de ne pas trop éparpiller notre bordel. Restons fidèles à nous même.
Pas mal de choses se sont passées depuis notre arrivée. Tout d'abord, nous avons pris le temps de visiter les rues de la ville, ses musées, son marché, quelques terrasses de cafés et restaurants aussi. Une ville aux airs de village tellement tout le monde semble se croiser et se reconnaître. On a dépensé notre fric, sans trop compter il faut l'avouer, et la vie  est incroyablement chère. Il va falloir s'adapter et se restreindre un peu pendant ce mois de stage.

Côté boulot, Elsa a trouvé un stage sous le Chapitô. C'est une structure itinérante, une association qui se déplace un peu partout en Calédonie pour proposer aux populations locales des spectacles de danse, de théâtre ou de musique. Sympa comme concept. L'objectif étant de procéder à un rééquilibrage culturel sur le territoire, en déplaçant l'accès à la culture là où rien n'existe pour la recevoir. Et oui, la Calédonie n'échappe pas aux inégalités. Bien que relativement riche, seule la province sud bénéficie du développement économique et culturel. Le nord de l'île reste d'une grande misère, d'un point de vue matériel j'entends. Tout ça principalement à cause de la situation géographique des mines de nickel qui sont la principale ressource du territoire. 5eme producteur mondial je crois.
Enfin, c'est pourquoi Anne sophie, Chris et leur joyeuse bande de gais lurons ont décidé de faire l'intermédiaire entre plaisir et pauvreté. Elsa est à Poum en ce moment même. Au bout du bout du monde paraît-il. Elle est aux anges, et moi avec elle.

Quant à moi, j'ai rencontré Emmanuel Tjibaou au centre culturel, qui m'a pris en stage dans son département : DCPR- Département Culture Patrimoine et Recherche
Leur travail consiste en la récolte de données relevant du patrimoine immatériel kanak. C'est une opération de sauvegarde des savoirs et savoir-faire qui se transmettent via l'oralité, le discours. Dans une société kanak qui évolue et glisse vers une culture moderne globale, ces données permettent un archivage et une conservation de la tradition kanak tombant en désuétude. Cela passe par des enregistrements d'entretients avec les vieux des différentes aires coutumières, dans la langue concernée. Un projet gigantesque. D'autant plus que la société kanak est essentiellement à tradition orale. Il existe peu d'écrits. Avec des règles complexes concernant le discours, la prise de parole et sa fonction. Tout ne peut pas être dit par tout le monde et à n'importe qui. Ce qui limite les accès à la paroles des anciens. Notamment sur la confidentialité des sujets abordés et les langues dans lesquelles ces récits sont contés. C'est l'identité entière de tout un peuple qui est en jeu ici. Avec la méfiance qu'elle implique.
On m'a promis de m'introduire dans un groupe d'enquêteurs sur le terrain mais je crois que je vais être déçu. C'est plus compliqué qu'il n'y paraît, m'a-t-on dit.
Pour l'instant, je fais du secrétariat et ça ne peut pas durer. Je vais essayer de monter un projet  pour ce stage, quelquechose de plus personnel. J'ai contacté une éthnologue du musée territorial de nouvelle-calédonie, mme Françoise Cayrol, et j'espère qu'elle saura me conseiller.

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